TextMaster et le feuillet à 1 euro : création de valeur ou la familiarité du médiocre ?

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Le feuillet vendu à 2,50 €, payé 1 € :

quelle création de valeur ?

 

Les graphistes, premiers visés dans la marchandisation des œuvres de l’esprit

[wpcol_2fifth id=”” class=”” style=””]

Depuis plusieurs années déjà, les graphistes professionnels s’insurgent contre les dérives du crowdsourcing (que l’on peut traduire littéralement par l’approvisionnement par la foule).

Le « perverted crowdsourcing » consiste à émettre un appel d’offres déguisé sous forme de concours pour faire réaliser une prestation pour le compte d’une entreprise.

Les pitchs gratuits pour la création de logos, de chartes graphiques ou d’affiches sont devenus légion sur la toile.

[/wpcol_2fifth] [wpcol_3fifth_end id=”” class=”” style=””]Ce que dit le droit:

Les problèmes apparaissent lorsque les sociétés commerciales en question souhaitent utiliser le crowdsourcing comme moyen de créer du contenu à faible coût… C’est ce qu’on appelle le « perverted crowdsourcing ». Cette pratique est apparue aux Etats-Unis, en exploitation d’une faille de la loi américaine. Malheureusement, la loi française n’est pas plus complète. Il ne qu’être fait référence au principe selon lequel il est interdit de travailler gratuitement pour le compte d’une société commerciale.

Il serait également possible pour stopper une telle pratique de se fonder sur le droit de la propriété intellectuelle, en l’absence de cession régulière des droits d’auteurs, puisque seul l’auteur ou le titulaire des droits a la faculté de diffuser, distribuer ou représenter l’œuvre.

Extrait de l’article de Muriel Cahen, avocate à Paris

[/wpcol_3fifth_end]

Au tour des artistes des mots

Le « perverted crowdourcing » change un peu de visage dans les métiers de l’écrit. Tendance qui menace la communication comme créatrice de valeur pour l’entreprise si celle-ci devient perçue comme un luxe plutôt qu’un investissement à fortes retombées. 

Une nouvelle entreprise, dont la présentation, d’apparence sérieuse, tranche avec les plateformes d’intermédiation les plus en vue qui sont basées sur le modèle d’enchères inversées, mérite d’avoir son offre passée au microscope.

Et tant pis si au passage cet article leur fait de la pub’; au moins le contenu apportera un regard autre que les communiqués de presse et interviews promotionnels.

Elle n’est pas la seule nouvelle venue, mais je l’ai choisie comme exemple, car son offre est parmi les plus détaillées. Matière à analyse, donc.

TextMaster

TextMaster, une SARL basée à Woluwe-St-Lambert en Belgique, a vu le jour fin 2011. 

TextMaster propose des services de « traduction, rédaction et correction par des professionnels ». Les fondateurs ne sont pas des débutants. Ils incluent le fondateur de Fotolia et un ancien consultant en stratégie du Boston Consulting Group.

D’après l’article de FrenchWeb de novembre 2011,

TextMaster met l’accent sur une production de contenus de « qualité » et se targue, en ce sens, d’avoir parmi ses auteurs un ancien ambassadeur….TextMaster est donc, depuis ce matin, officiellement opérationnel en France, mais également aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne.  Pour l’heure, près de 300 clients ont déjà passé commande. Parmi eux, des consultants indépendants, des agences de communication, mais aussi des grands groupes comme Allociné.

Comment ça marche ?

Le client achète un « bundle » de crédits qui sont ensuite utilisés pour acheter des « mots ». Bien sûr, plus le « bundle » est important, plus le prix unitaire du crédit est bas. Ainsi, avec le « bundle H », à 25 000 € (payés comptant !), le client a droit à 5 millions de crédits d’une valeur unitaire de 0,005 €.

En recoupant les informations sur différentes pages (la transparence n’est pas de mise !), nous comprenons qu’un mot équivaut à deux crédits pour le « bundle H ». La conception-rédaction et la traduction sont au même tarif ; la révision coûte moitié prix. Seul point positif, pour une fois la traduction n’est pas dévalorisée par rapport à la conception-rédaction !

Le prix du feuillet (en moyenne 250 mots) rédigé ou traduit ? 2,50 €

C’est vendre des mots au kilo, comme des produits standardisés et interchangeables où l’effet de levier est le volume.

Et pour l’auteur, traducteur, correcteur ?

Qu’il ou elle soit classifié(e) comme bon, très bon ou excellent, c’est le volume de mots produits qui est la variable clé dans la rémunération. Restons fidèles au modèle de la vente au kilo !

Mini-Maxi

Le paiement minium est de 0,004 € le mot pour un auteur libellé « bon » qui a produit moins de 10 000 mots. Autrement dit, 1 euro le feuillet. Je vous laisse le soin de calculer le (mirobolant) coefficient multiplicateur.

Le paiement maximum est de 0,09 € le mot pour un auteur au niveau expert qui a produit plus de 5 000 000 mots.

Et comme sur la page d’accueil, TextMaster se vante d’avoir à ce jour[1] rédigé 3 299 870 mots, il est patent qu’aucun « professionnel » ne remplit les conditions nécessaires pour gagner 0,09 € le mot !

Notons que le calcul au mot est une hérésie, surtout pour du rédactionnel. Le Guide de la relation indépendant/agence/entreprise de Communication et Entreprise évoque un tarif indicatif de 300 € le feuillet, tout en soulignant qu’aujourd’hui, l’art de la rédaction visant la concision, la facturation au volume ne fait plus de sens. La tendance va vers une facturation au temps passé, en journée ou demi-journée.

Quid du facteur délais ?

La F.A.Q. client est croustillante : « Si vous souhaitez un seul article simple, votre contenu sera très probablement produit en quelques minutes seulement. »

Waouh ! Le client va-t-il croire qu’un article de qualité se pond en quelques minutes ? La vitesse de frappe d’une secrétaire de haut vol avoisine 60 mots/minute…

Les conditions générales d’utilisation pour les auteurs précisent : « Une fois que vous avez accepté une fiche, vous disposez d’un délai variable pour livrer le contenu au client. Cette limitation est calculée sur une logique de production de 150 mots par heure. »

Soit une rémunération qui débute à 60 centimes/heure (petit rappel : le SMIC est à 9,22 €) et plafonne à 13,5 € (sauf que pour l’instant, aucun auteur ne peut y prétendre, voir supra).

Bruts.

Cerise sur le gâteau fin comme du papier de soie, le versement des rémunérations n’est possible qu’à partir de 50 € (soit plus de 83 heures de travail facturé) et uniquement par PayPal, avec les frais que ceci engendre.

Déclaration étonnante de la part de Benoît Laurent, le CEO, lors de son interview avec Euklide : 

Pour encaisser des gains, il n’est pas indispensable de disposer d’un statut professionnel dans un premier temps.

Tout s’explique ! Entreprise qui vante, dans son slogan, des services de professionnels, qui ni n’achète ni ne vend à des tarifs professionnels, car être un pro n’est pas franchement obligatoire. En effet, TextMaster propose même aux étudiants de gagner de l’argent de poche. Quid de la publicité mensongère ?

Quid de la qualité et la satisfaction client ?

Le client a 7 jours pour réagir. S’il respecte ce délai, « le nombre de demandes de révision n’est pas limité et il peut vous contacter tant qu’il n’est pas satisfait et que vous jugez ces demandes fondées. » (Quelques allers-retours, et on arrive vite à une rémunération de 30 centimes de l’heure.)

Sauf que client et auteur ne se connaissent pas. (D’ailleurs, la manière dont les projets sont attribués aux auteurs demeure un mystère.)

Citant à nouveau les conditions générales d’utilisation : « Tout le système de TextMaster a été conçu de telle sorte qu’à aucun moment il ne vous soit possible de détecter directement ou indirectement l’identité d’un client. Votre responsabilité implique de conserver un caractère anonyme à tous les contenus et échanges entre vous et les clients. »

Connaissance du client, de son contexte, ses enjeux, sa stratégie, ses contraintes – bref, tous les ingrédients nécessaires à apporter de la valeur sont d’office bannis !

En quoi ce type d’offre est-il une menace ?

Ne prenons pas les clients pour des idiots.

Ils savent parfaitement que la création de contenu original et de qualité requiert expertise, talent, temps et une collaboration étroite entre client et prestataire.

Ils comprennent que le contenu de qualité est source de valeur, que celle-ci se mesure par le taux de référencement sur la toile, par le taux d’engagement sur les médias sociaux, par l’e-réputation de l’entreprise et de ses marques, par le succès de ses politiques commerciales et par sa capacité à fédérer équipes internes et parties prenantes externes. Pour ne citer que quelques domaines !

La menace est autre. Celle du nivèlement par le bas. L’incapacité de rédiger deux lignes qui tiennent la route se généralise. Je ne suis même plus surprise de voir, au quotidien, des fautes de frappe ou de grammaire dans nos grands quotidiens de la presse. Lorsque quelque chose devient si familier, on ne le remarque même plus !

Cette familiarité du médiocre influe, insidieusement, sur les mentalités.

  • La Loi Toubon de 1994 ? Pas franchement appliquée à la lettre.
  • Le passage obligatoire d’un livre ou de sa traduction dans les mains d’un correcteur professionnel avant publication ? Trop de maisons d’édition en font l’économie aujourd’hui.
  • Les professionnels puristes qui s’insurgent contre la généralisation du Globish ou du charabia et qui soutiennent à fond le Plain English Campaign ? Souvent perçus comme maniaques perfectionnistes.
  • Et j’en passe…

Ce type d’offre est une menace parce qu’elle s’appuie sur – et aide à généraliser – la familiarité du médiocre.

Pour faire un parallèle avec les légumes achetés au kilo : combien d’enfants aujourd’hui n’ont aucune idée de la vraie saveur que peut avoir une tomate, qui a poussé dans la terre, mûrissant au soleil ?

C’est à nous, créateurs de contenu, artistes des mots, ainsi qu’à nos clients qui ont besoin de nos talents pour réussir, de montrer l’exemple et de prouver que la familiarité du médiocre n’est pas une fatalité.

Si vous êtes d’accord que ces sujets sont importants, partagez cet article et cultivez votre jardin !

(Humour : Avec TextMaster, j’aurais gagné 6,40 € pour cet article qui m’a pris une bonne partie de la journée à rédiger.)

 

[1] 9 mars 2012, 12h45


 

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Comments: 40

(comments are closed)

 
  • Bonjour,

    Vous réservez les honneurs d’un article à TextMaster et je vous en remercie. Cofondateur et dirigeant de l’entreprise, je m’autorise simplement la liberté d’apporter quelques précisions pour que tout soit clair. Je précise simplement que j’ai été moi aussi rédacteur pendant plusieurs années et que c’est de cette expérience qu’est née l’entreprise.

    1. Parallèle entre TM et les places de marché de graphisme
    Sur TextMaster, il n’est jamais demandé à plusieurs auteurs de traiter un même sujet pour laisser ensuite le client choisir. Dans les faits, le client lance sa commande en rédigeant un briefing et c’est à la lecture de celui-ci que l’auteur décide ou non de prendre cette tâche. Ensuite, c’est une relation de prestation de service tout à fait classique.

    2. Feuillet vendu 2,50€ et payé 1€
    Cet exemple est “à minima” donc assez mal interprété. Sur le principe d’un feuillet à 250 mots, un auteur touchera entre 1€ et 15€ alors qu’un client payera entre 2,5€ et 27€. Je précise que ces chiffres ne sont pas liés puisque le gain des auteurs tout comme le tarif des clients augmente ou baisse en fonction de critères indépendants. Ainsi, dans certains cas, un auteur touchera plus que ce que le client ne payera.

    3. 3 299 870 mots traités > aucun auteur ne peut toucher 0,09 € le mot !
    C’est tout à fait vrai aujourd’hui. Cela étant, TextMaster n’a ouvert ses portes que depuis quelques petits mois. Traiter plus de 3 millions de mots dans cette période est une performance dont nous sommes plutôt fiers.

    4. Calcul au mot
    Le mot est la seule unité qui ne laisse aucune place au doute. N’avez-vous jamais soupçonné votre garagiste de vous facturer 3 heures de main d’œuvre au lieu de 20 minutes réellement effectuées ? Cela étant, vous avez raison sur un point, cette unité ne prend pas assez en compte la dimension “recherche”. Nous en avons bien conscience et travaillons sur le sujet.

    5. Délai de production
    Au risque de vous surprendre, la citation tirée des CGU est tout à fait honnête et correcte. Oui, quand un client commande un seul article simple, il peut recevoir son contenu en quelques minutes. Et je vais même plus loin en incluant dans cette théorie les commandes avec 50 articles simples. Le mécanisme est très simple > Un client commande la rédaction de 50 biographies de 100 mots d’artistes très connus. L’information est simple à trouver donc le temps de rédaction est extrêmement rapide. A l’instant où le client lance ce projet, plus de 800 personnes y ont accès. Il suffit alors que 25 d’entre elles rédigent 2 fiches chacune et en moins de 20 minutes, le contenu est livré.
    Quant au délai donné (150 mots par heure), il ne doit servir pour aucun calcul. Il s’agit simplement d’une limite posée pour éviter que des auteurs prennent des fiches et les bloquent sans les traiter.

    6. Paiement et Paypal
    TextMaster propose ses services dans 8 langues et 50% des auteurs sont basés en dehors de l’Union Européenne. Paypal est une solution coûteuse mais c’est la seule qui permet de pouvoir payer des gens basés aux 4 coins du Monde.

    7. Statut professionnel
    Nous permettons simplement aux auteurs de tester TM sur une durée limitée. Si vraiment la personne est séduite et qu’elle veut travailler dans la durée, alors elle doit impérativement nous fournir la preuve de son statut. Cela passe tout simplement par un plafonnement des gains impossible à débloquer tant que nous n’avons pas la certitude que l’auteur est en règle.

    8. Echange Auteur / Client
    La plupart du temps, les demandes sont extrêmement limitées et sont pleinement justifiées. A noter qu’un auteur a tout à fait le droit de dénoncer les demandes abusives d’un client. Dans ce cas, nous pouvons aller jusqu’à approuver la fiche pour le compte du client sans même lui demander son avis.

    9. TextMaster s’appuie sur la médiocrité
    Comme expliqué plus haut, je confirme que TextMaster veut jouer la carte de la qualité. Il faut simplement comprendre que dans une majorité des cas client, le traitement d’une tâche de rédaction, de traduction ou de correction ne requiert aucune autre chose que la maitrise d’une ou plusieurs langues.

    J’ajoute simplement un commentaire personnel en forme de retour sur l’histoire. Il y a 50 ans, le développement photo était confié à des spécialistes qui maitrisaient des techniques à la limite de la chimie et de l’art. Puis les machines sont arrivées avec à la clé le confort, la rapidité, la qualité et le prix largement adapté à la consommation du grand public qui représente certainement 95% du volume sur le marché de la photo. Mais ce ne fut qu’une étape intermédiaire puisqu’aujourd’hui, ces mêmes machines sont remplacées avantageusement par de simples imprimantes domestiques à 100€.

    Sur cette base, voici quelques questions pour les auteurs et lecteurs de ce blog qui partagent votre point de vue > Combien d’entre vous utilisent encore un appareil photo argentique ? Combien sont passés au numérique sans la moindre pensée pour ces milliers d’artisans poussés au grenier par la technologie ?

    Après toutes ces choses, sachez que TextMaster est une entreprise très jeune. Nous n’avons que 5 mois de recul par rapport à l’usage de la plateforme mais nous sommes en permanence à l’écoute des auteurs et des clients qui peuvent tous témoigner de notre attention. Il est tout de même important de noter qu’aujourd’hui, de nombreuses personnes travaillent ponctuellement ou régulièrement pour TextMaster. Parmi les auteurs les plus actifs, certains ont déjà 250 000 mots à leur actif et gagnent plus de 1000€ par mois. Je vous l’accorde, c’est encore peu mais à ce rythme, ils factureront assurément 2000€, voire 3000€ d’ici la fin de l’été.

    Je suis évidemment à votre disposition pour une discussion ouverte avec grand plaisir dans les commentaires de cet article.

     
     
     
    • Bienvenue et merci de votre réponse, à laquelle, bien sûr, je réagirai. Je préfère le faire à froid, sans distractions, et de laisser aussi la parole à d’autres qui souhaiteraient s’exprimer sur des sujets qui nous concernent tous. A bientôt, promis.

       
  • Merci Patricia pour ce très bon article, comme toujours. Je suis tout à fait d’accord avec les arguments que tu présentes et également contente que l’un des fondateurs du site ait réagi.
    Je suis traductrice indépendante depuis à peine 2 ans, et on pourrait donc penser que je fais partie du “cœur de cible” de TextMaster. Je suis allée sur le site pour voir de quoi il s’agissait et ma première réaction a été : “on ne fait pas le même métier”.
    Je ne doute pas du fait que ce type de plate-forme attire des clients et des traducteurs : certains confrères/consœurs se satisferont peut-être de travailler de façon aussi anonyme, mais ce ne sera pas le cas pour moi.
    Mes clients (agences ou clients directs) me connaissent et m’appellent par mon prénom, certains m’appellent avant de m’envoyer une demande. Il y a un vrai rapport humain dans ce travail que je fais pourtant à distance, et j’ai honnêtement du mal à voir où se situe l’humain dans ce que propose ce type de plate-forme.
    Tant de confrères/consœurs n’ont aucune idée qu’il existe des clients prêts à payer une prestation de qualité et à nous faire confiance.
    Je ne peux que constater qu’il existe en effets plusieurs segments sur le(s) marché(s) de la traduction : à chacun de trouver le positionnement qui lui convient le mieux. Pour ma part, je suis dans une démarche de service personnalisé, de confiance réciproque et de relation à long terme.

     
     
     
    • Merci du compliment, Nélia.

      Oui, comme toi, la relation directe avec mes clients (et je connais l’écrasante majorité en personne) est essentielle sur le plan professionnel. Comment livrer un travail, quel qu’il soit, qui est en adéquation parfaite avec le besoin et les objectifs (exprimés ou découverts) si l’anonymat est de mise ? Un bon traducteur pose des questions. Un bon rédacteur a besoin de prendre son brief. Un document finalisé est le résultat d’une collaboration entre client et prestataire. Je ne produis pas des mots, je crée du sens. Là est la valeur ajoutée.

       
  • Bonjour
    Que voici une discussion intéressante. Je suis moi-même rédacteur indépendant depuis plus de 15 ans, exclusivement en BtoB, et je dois dire que cet échange attire toute mon attention… et ma vigilance. J’aime autant le préciser toute de suite : c’est avec l’auteure de ce blog que je suis d’accord. Je crois que l’un des travers dans lequel tombe le type de service que déploie TextMaster est de proposer d’évaluer (et donc de vendre) une prestation intellectuelle “au poids” et non à “la valeur”. Du reste, le long commentaire du dirigeant de TM en dit long sur sa priorité donnée à la quantité vs la qualité (elle était facile, j’avoue). Vous prenez l’exemple de la photographie, en particulier du support physique. Quel contre-exemple ! Dans cet exemple, il s’agit d’un produit tandis que le sujet réel ici c’est l’homme (ou la femme) : l’auteur. C’est l’auteur qui se vend, pas ses mots. On sait qu’un rédacteur maîtrise plus ou moins bien un vocabulaire, est plus ou moins à l’aise dans les univers métaphoriques, sait ou sait moins mettre de l’emphase, est rôdé ou pas dans l’utilisation de périphrases, etc. Sans compter l’adéquation de son boulot par rapport à un brief précis. C’est uniquement en comptant les mots que l’on va pouvoir jauger la qualité d’un texte ? Que nenni ! Imaginez les critiques littéraires du 22ème siècle si l’on suit votre logique : “tel auteur, oui il réussit à placer plein de mots dans une phrase, il est extraordinaire” ; “Proust ? Le seul auteur valable du XIXème, avec 300 mots par phrase ” ! Les rédacteurs doivent tout faire pour ne plus se vendre au poids (le feuillet, hélas encore un benchmark incontournable). Vous vous dites, cher Monsieur, rédacteur vous-même or je vois une sorte d’élan suicidaire qui m’inquiète (pour vous). Personnellement je préconise la dynamique inverse : s’inspirer plutôt des consultants (en système d’information, en management, etc. ), qui ne valorisent pas leurs prestations en fonction du nombre de mots contenus dans leurs recommandations mais de leur valeur. De fait, travailler au temps passé plutôt qu’au feuillet semble une évolution bien plus valorisante pour rédacteur. Cela dit, comme le fait entendre Patricia Lane, un service comme TextMaster ne peut pas concurrencer la rédaction BtoB (discours stratégique, rapports annuels, etc. ). L’exemple que vous donnez d’un “portrait” (repiqué sur Wikipédia sans doute) montre bien la médiocrité des types de sujets eux-mêmes. Qu’y a-t-il d’autre ? Ah oui : les horoscopes, la météo… Allez, le premier qui fait la météo du jour dans ces commentaires a gagné : il remporte 15 € pour un feuillet (10 à 20 moins que les prix pratiqués, au fait) ! Qui commence ?!

     
     
     
    • Seigneur, quel beau texte!

       
      • Merci (blush). Je ne sais pas s’il est beau, mais quand la moutarde me monte au nez, le rédactionnel devient plutôt passionné 🙂

         
  • @ Nélia : Complètement d’accord avec toi. Ce type de plateforme déshumanise totalement la relation. Le client est un numéro, TextMaster un intermédiaire automate et le traducteur une machine parmi d’autres qui doit traduire 50 000 mots pour gagner la somme phénoménale de 1 000 euros bruts par mois. Une totale réussite.

    @ Didier Le Gorrec
    Le type de service que déploie TextMaster est de proposer d’évaluer (et donc de vendre) une prestation intellectuelle “au poids” et non à “la valeur”.

    Voir à ce sujet la brochure publiée par la SFT : Traduction – Les mots au kilo ? Elle peut tout à fait être adaptée au métier de rédacteur.
    http://www.sft.fr/clients/sft/telechargements/file_front/4c15e7d7acbf8.pdf

     
     
     
    • Nath, merci du rappel de la brochure sur les mots au kilo, au cas où des lecteurs auraient loupé le lien dans mon texte ! Répéter est utile parfois !

       
  • @Benoit

    Il y aurait beaucoup à dire sur votre site, mais je manque de temps. Alors juste trois points :

    [TextMaster]
    Il faut simplement comprendre que dans une majorité des cas client, le traitement d’une tâche de rédaction, de traduction ou de correction ne requiert aucune autre chose que la maitrise d’une ou plusieurs langues.

    [NR]
    C’est évident voyons ! Tout comme dans de très nombreux cas poser un diagnostic médical est une simple question de bon sens et d’observation. Pourtant, bizarrement les cabinets médicaux débordent. Faudrait-il voir derrière cette facilité un certain nombre de pièges que seul un vrai professionnel évitera ?

    Ensuite à propose de vos CGU. Je lis – Texte d’origine entre crochets simplement pour permettre le repérage :
    [TextMaster décline toute responsabilité vis-à-vis du contenu produit, corrigé ou traduit via ses services. Le cas échéant, TextMaster transmettra aux autorités compétentes les coordonnées de l’auteur responsable du contenu incriminé.
    Vous reconnaissez utiliser les services à vos risques et périls et acceptez que ces services vous soient fournis « en l’état » et « sous réserve de disponibilité ». En particulier, TextMaster ne garantit en aucun cas :
    que votre utilisation des Services sera conforme à vos exigences ;]

    Donc si je résume :
    Vous massacrez les prix en exploitants les traducteurs

    Vous affirmez que tout ça ne nuit en aucun cas à la qualité
    .
    Mais comme vous n’êtes pas sûr de votre coup (devrais-je dire de votre coût ?) vous n’en assumez pas les risques et il est tout à fait possible que le client ne soit pas satisfait. Si la bombe explose, ce n’est pas de votre faute. Une preuve incontestable de professionnalisme (passons sur l’aspect légal de la chose qui ne tiendrait pas 30 secondes devant un tribunal français).

    De là à dire que vous n’êtes pas en mesure de garantir la qualité des prestations fournies, voire que vous la remettez sérieusement en cause, il n’y a qu’un pas. Tout traducteur professionnel qui se respecte assume la responsabilité pleine et entière de ce qu’il livre. Je devrais même dire tout prestataire, tout professionnel digne de ce nom, quel que soit le domaine, et pas seulement tout traducteur. Et dans le cas présent, vis-à-vis du client, le prestataire, celui qui fournit le service, c’est vous (enfin TextMaster).

    Dernier point. Je lis sur votre site, sur la page où vous présentez vos différents services, à propos de la correction :

    [Il peut être désastreux de diffuser ou transmettre des documents et contenus qui peuvent contenir des fautes d’orthographe, des erreurs de syntaxe ou un vocabulaire inadéquat.]

    Complètement d’accord. Mais comment dit-on déjà ? Ah oui ! Charité bien ordonnée…

    Bonne soirée.

     
     
     
  • M. Laurent, me revoici, comme promis, pour réagir à votre réponse et, par souci de clarté, dans l’ordre de votre argumentaire.

    1. Parallèle entre TM et les places de marché de graphisme

    Le parallèle est autre – sur les diverses dérives et formes du crowdsourcing; il n’est pas direct. A aucun moment n’ai-je fait une remarque sur la manière dont les demandes de clients étaient traitées ; d’ailleurs, nous ne savons toujours pas comment les « fiches projets » sont diffusées et l’auteur choisi.

    2. Feuillet vendu 2,50€ et payé 1€

    Oui, j’ai bien fait ressortir les extrêmes de rémunération, tel qu’elles sont détaillées sur votre site. Et vous confirmez qu’un auteur peut être payé 1€ le feuillet. Pas de mauvaise interprétation donc. Quant au feuillet payé 15€ (rappel, environ 8€ net hors impôts) ? Considérez-vous cela vraiment un tarif professionnel ? Soyons sérieux !

    3. Fierté de 3 millions de mots “traités” en 3 mois

    C’est essentiel lorsque l’on a un business model fondé purement sur le volume. Qualité, qualité chérie? Nath en a déjà parlé, je ne vais pas radoter…

    Mais nous diriez-vous quelle a été la marge déjà acquise sur ce trimestre ?

    4. Calcul au mot, car seule unité qui ne laisse pas la place au doute

    Pas de chance, vous êtes tombé sur un mauvais exemple. Mon garagiste est un pro qui est d’une honnêteté à toute épreuve, qui tisse de réelles relations avec ses clients et qui a le cœur sur la main. Idem mon plombier, mon électricien, mon charpentier, mon menuisier. Idem les prestataires que je choisis dans le cadre professionnel.

    Le calcul au mot ne prend pas en compte, non seulement la dimension « recherche », mais également réflexion, analyse, créativité, expertise, expérience, etc. C’est une mesure de production à la chaîne, au volume, d’une commodité.

    5. Délai de production

    Vous dites : « L’information est simple à trouver donc le temps de rédaction est extrêmement rapide. » Quid de recouper les informations en vérifiant plusieurs sources ? Quid du temps de réflexion pour faire le tri ? Le tout avant de rédiger ? Et quelle vérification est faite par TextMaster pour s’assurer que c’est du contenu *original* et sans plagiat – je pense évidemment aux “content farms” où le problème devient endémique. Mais ah oui, zut, vos CGU dégagent l’entreprise de toute responsabilité. C’est cohérent avec son positionnement ?

    Pour revenir à la question délai de production et à titre d’exemple : combien de temps avez-vous pris pour rédiger votre réponse à mon article ??

    6. Paiement et Paypal

    Que la majorité de vos auteurs se situent en dehors de l’UE, on le supposait bien ! Je ne vais pas épiloguer sur le couple pays de résidence/tarif acceptable, les articles et études ne manquent pas. Notons aussi que les frais prélevés par Paypal sont souvent plus salés dans ces pays lointains. Les frais de virement dans l’UE sont gratuits. Admettez qu’utiliser Paypal est un choix de convenance pour vous, alors que vous proposez aux clients de payer par virement ou carte de crédit en sus de Paypal. Ce serait cool d’être aussi souple avec ceux qui font en fait le boulot, non ?

    7. Statut professionnel

    Ah bon, en Belgique, un particulier peut facturer des prestations professionnelles « sur une durée limitée » en toute légalité (qu’il ait été payé encore ou non) ? Ou vous ai-je mal compris ? En tout cas, en France, c’est parfaitement illégal, que la note d’honoraires (car là, oui c’est une NdH et non pas une facture) ait été réglée ou non. Cela s’appelle du travail au noir. Lorsque l’on s’établit en indépendant (hors statut d’auto-entrepreneur), nous avons des cotisations forfaitaires à payer, que l’on ai gagné un radis ou non. Et même en AE, il faut un numéro de SIRET et de TVA avant de pouvoir facturer…

    Et si je vous ai bien compris, la personne qui ne souhaite pas poursuivre l’aventure et ne prend pas un statut professionnel ne peut collecter ses gains. En France, il est illégal de travailler gratuitement pour une entreprise commerciale… En Belgique ?

    8. Echange Auteur / Client

    C’est de plus en plus rassurant… D’une part, à moins que j’aie mal lu vos CGU, il n’y a aucun contact direct entre client et prestataire (tiens, vous n’avez pas réagi à cette partie-là…). Pour ma part, je ne peux pas faire un travail, même juste convenable, sans savoir qui est mon client et quel est son contexte (Dell ou HP ? Microsoft ou Apple ? Bel ou Lactalis ? Renault ou Peugeot ? etc.). En tant que client, cela m’inquiéterait beaucoup.

    Mais plus encore, vous pouvez approuver une fiche sans même demander son avis au client ? Alors que ce n’est pas Textmaster qui se porte garant (cf vos CGU) ?

    9. TextMaster s’appuie sur la médiocrité

    Même lorsque l’on maîtrise sa langue *maternelle* à la perfection, cela ne veut pas dire que l’on rédige bien, que l’on domine des sujets ou des thèmes précis ou que l’on est capable de corriger les textes d’autrui. Et vous le savez bien, vous avez été rédacteur.

    Ce qui est triste et, comme Didier le Gorrec le soulignait dans son commentaire, inquiétant pour *vous* est que votre phrase met échec et mat le positionnement de votre entreprise. Comme on dit en anglais, “you are not even walking the talk.”

    10. Retour sur histoire et monde moderne

    Encore une fois, pas de chance, vous avez pris un mauvais exemple. Je fais de la photo depuis l’âge de 15 ans, niveau semi-pro. Aujourd’hui, je fais et de la photo argentique et de la photo numérique, et je suis bien placée pour répondre à votre parallèle. Par ailleurs, quand j’ai débuté dans la rédaction et la traduction, je travaillais avec une machine à écrire, sans Internet. Aujourd’hui, j’ai tous les outils modernes et je suis plutôt « geek ».

    Dans les deux cas, c’est le processus de *production finale* (impression, visualisation sur écran) qui a changé, *pas* le processus de création, d’acquisition de compétences, les talents innés ou acquis, la passion, et le relationnel client.

    Mes outils ne peuvent remplacer mon cerveau et mon âme.

    Pour conclure (ouf !)
    Vous l’aurez compris, non seulement par mes remarques mais aussi par celles de confrères et consoeurs, nous réagissons pour plusieurs raisons (liste non limitative!) :
    – le manque de crédibilité et de cohérence entre le positionnement (travail professionnel + qualité) et l’offre réelle de votre entreprise : je ne pense pas que nous aurions réagit aussi fortement si l’accent n’avait pas été mis sur ces 2 critères chimériques ;
    – le respect de notre travail, pour lequel nous avons fait des études longues et avons cumulé des années d’expérience pour acquérir les compétences nécessaires à le faire bien, et même très bien – que l’on soit rédacteur, traducteur ou correcteur, ou les trois ;
    – le respect de nos clients, qui recherchent et ont besoin que nous créions de la valeur, *avec eux et pour eux* ;
    – le respect des lecteurs et consommateurs, qui ont droit eux aussi à lire des textes bien foutus, engageants, fiables et dont les infos sont validées ;
    – le respect des lois, des normes (EN 15038 entre autres) et des responsabilités respectives.

    Votre boîte est jeune (lancement en novembre 2011), vous avez l’opportunité de redresser le tir et d’en faire quelque chose de sérieux et de cohérent, qui marche bien et ce sans leurre et sans exploiter qui que ce soit.

    Il y aurait encore beaucoup à dire, mais….

     
     
     
  • Charles Martin

    Benoît, bien qu’il ne reste plus grand chose à dire je vais quand même ajouter mon grain de sel.

    Vous avez trouvé un modèle économique épatant, bien mieux que les enchères inversées : demander au client de payer un forfait comptant (ça fait du cash tout de suite) et ensuite livrer le travail en évitant tout engagement au niveau de la qualité, malgré les promesses de professionnalisme des rédacteurs et traducteurs et de vérification de leurs compétences que TextMaster met en avant. Vous pouvez livrer n’importe quoi car le client a déjà payé et n’a aucun recours.

    Par contre, j’ai du mal à comprendre l’analogie que vous faites entre les progrès technologiques dans le domaine de la photo et TextMaster. Pour tout vous dire je la trouve même assez prétentieuse. Dans la photo, il s’agit de sauts technologiques qui ont transformé une industrie et complètement changé la donne. Dans le cas de TextMaster la technologie n’a pas réellement changé car c’est toujours le cerveau du rédacteur ou traducteur qui produit le texte. La seule différence est la manière de l’exploiter…

     
     
     
  • 1 000 crédits à monsieur le cofondateur dirigeant pour ce “bundle” de notes humoristiques. Et plus encore à Dame Nature, extraordinairement généreuse avec vos rédacteurs qui “maîtrisent 8 langues”. Celle-ci s’est par contre montrée plus avare en honnêteté intellectuelle. )-:

    Les recommandations de Patricia (“vous avez l’opportunité de redresser le tir et d’en faire quelque chose de sérieux et de cohérent, qui marche bien et ce sans leurre et sans exploiter qui que ce soit”) sont tout sauf inutiles.

    Mes 2 crédits.

     
     
     
  • Merci beaucoup Patricia d’avoir pris le temps de rédiger un article tout aussi juste que divertissant, tant l’existence même d’un site comme Textmaster proposant une « qualité » à des tarifs sacrifiés, voire nullifiés, tient de l’absurdité. Je n’en revenais pas, des tarifs au dixième du centime d’euro ?? Et ensuite, de lire que nos services de traduction et rédaction professionnels sont apparentés au travail d’une machine, avec l’évolution de l’appareil photo ? Tout s’explique : les services soi-disant offerts par des « professionnels » offrant la rigueur et la subtilité nécessaires, proviendraient d’une traduction automatique… Pour cracher des mots gratuitement, il faut bien une machine.
    J’ai beaucoup apprécié tous les commentaires, et cela m’étonnerait bien de voir un commentaire aussi bien rédigé que celui de Benoît de la part d’un de ses « utilisateurs » (ou ordinateurs)…

     
     
     
  • Je n’osais pointer le travail d’une machine en “clair”, d’où ma référence aux “content farms” qui, justement, assemblent un article de bric et de broc (avec les problèmes de qualité et de droits d’auteur qui en découlent), et suis contente que tu l’aies fait, Nadia. D’ailleurs, étonnant quand même que des exemples de réalisations ne figurent pas sur le site…

    J’espère 3 choses à la suite de cet article et des commentaires :
    1. Que ceux qui, naïvement, se lanceraient tête baissée dans l’aventure vont maintenant y réfléchir à deux fois, en toute connaissance de cause ;
    2. Que Benoît ait lu ces réponses à sa présentation et qu’il commence à cogiter sur comment redresser le tir ;
    3. Et qu’il revienne nous exposer ses propositions de solutions.

    Nous ne sommes pas là pour le “descendre” (ce n’est pas très constructif) et je pense (suis-je naïve ?) que Benoit et d’autres souffrent profondément d’un manque de connaissance des métiers concernés et des conséquences directes et induites d’un tel business model. Bien sûr, s’il ne saisit pas l’opportunité de redresser le tir, c’est que je lui aurais accordé le bénéfice du doute inutilement…

     
     
     
    • Je suis d’accord avec toi, Patricia, c’est une bonne opportunité pour TextMaster de se remettre en question et de recueillir des remarques pertinentes. Mais d’après les réponses fournies par Benoît, on ne dirait pas que c’est dans son intention…
      Tant pis. Le marché suit son cours, et les clients décident quels rapports qualité/ prix leur conviennent. J’espère simplement qu’ils liront bien la décharge de responsabilité avant de prépayer et d’engager des (ordi-)auteurs par le site…

       
  • Patrick Malézé

    Bonjour,

    Je cherchais des informations à propos de TextMaster sur Twitter et je suis tombé sur cet article. Mesdames, messieurs les auteurs professionnels, il est évident que vous n’avez pas compris le besoins de la majorité de vos clients potentiels à notre époque. Nous passons aujourd’hui par TM et sommes ravis du service et de la relation que nous avons avec les auteurs, aussi anonymes soient ces échanges. Ne pas connaitre le prenom de la personne n’empeche pas un echange cordiale et riche tout à fait possible à travers TextMaster. Dites-vous simplement que c’est le monde moderne qui arrive dans votre industrie. Cela peut être difficile mais il faut vous adapter ou vous aller vers des jours rudes. Personne ici ne semble tirer la moindre lecon de l’industrie mourante de la musique ?

    Les avancées technologiques vraiment inquiétantes se situent plutôt du côté du “content spinning” que des plateformes à la textmaster qui, à défaut de respecter des conventions collectives archaïques, met réellement à profit des compétences humaines.

    A bon entendeur salut.

    Patrick

     
     
     
    • Bonjour,

      Merci de votre commentaire.

      Justement, comment se passe une commande ? Comment l’auteur est-il choisi ? Quels types d’échanges possibles ? Nous n’avons guère d’éclairage là dessus et votre retour d’expérience serait intéressant.

      Oui, le monde change, et nous le voyons tout particulièrement dans le domaine de la traduction (MT – machine translation; traduction automatique, etc. et les résultats souvent au mieux hilarants au pis dangereux qui en découlent). D’où la naissance d’un nouveau métier – essentiel ! de MT Post-Editor. L’humain demeure incontournable dans les prestations intellectuelles. Devrions-nous donc rester passifs et silencieux ou plutôt pointer où les changements sont positifs et utiles et où ils ne le sont pas ?

      Toutes ces avancées technologiques, et dans le domaine de la musique incluse (mais là je laisse à d’autres le soin de répondre de manière plus percutante, ce n’est pas mon rayon !), touchent à la *production*, pas à la conception, à l’analyse, à la création.

      Oui, mettons donc à profit les compétences humaines (votre dernière phrase) et valorisons-les ! C’est toute la question, non ?

       
    • Monsieur Malézé,

      [“Dites-vous simplement que c’est le monde moderne qui arrive dans votre industrie”].

      De quelle “industrie” parlez-vous ?

      Pour ma part, j’exerce une profession dite libérale : traducteur. Soit une profession fondée sur des qualifications appropriées, entretenues et accrues grâce à la formation professionnelle continue, exercée à titre personnel et de façon indépendante, placée sous ma propre responsabilité. Je fournis des prestations intellectuelles et conceptuelles dans l’intérêt du client et du public.

      Sur ces mots, pouvez-vous m’expliquer en quoi notre “industrie”, ne serait-elle pas en phase avec son temps, ni avec les intérêts contemporains du public et des clients ?

      Si on s’en réfère à votre conception très personnelle du “monde moderne” et à votre position de Client, vous consentez volontiers à ce que votre prestataire “décline toute responsabilité vis-à-vis du contenu produit” qu’il vous vend.

      De ce monde moderne irrespectueux des intérêts du public et des clients, permettez-moi d’espérer que notre “industrie” s’en tiendra écartée… longtemps.

      [“Personne ici ne semble tirer la moindre lecon de l’industrie mourante de la musique ?”]
      Sans doute parce que tous ici ont bien saisi que la musique n’est pas “l’industrie”, mais l’art d’Euterpe. La nuance est de taille !

       
    • @Patrick Malézé

      Vous dites :
      [Les avancées technologiques vraiment inquiétantes se situent plutôt du côté du “content spinning” que des plateformes à la textmaster]

      Admettons. Mais quand je lis plus haut dans la réponse de M. Laurent :

      [Oui, quand un client commande un seul article simple, il peut recevoir son contenu en quelques minutes. Et je vais même plus loin en incluant dans cette théorie les commandes avec 50 articles simples. Le mécanisme est très simple > Un client commande la rédaction de 50 biographies de 100 mots d’artistes très connus. L’information est simple à trouver donc le temps de rédaction est extrêmement rapide. A l’instant où le client lance ce projet, plus de 800 personnes y ont accès. Il suffit alors que 25 d’entre elles rédigent 2 fiches chacune et en moins de 20 minutes, le contenu est livré.]

      J’ai un tout petit peu de mal à croire que les biographies ainsi rédigées vont être 50 textes originaux, à la syntaxe parfaitement soignée, qui ne seront pas largement inspirés (pour ne pas dire de parfaits copier/coller) de ce qui se trouve sur Internet…. Pas vous ?

       
  • Bonjour,

    Je vous confirme que je suis bien les échanges et différents commentaires et j’essayerai d’y répondre mais le temps me manque un peu (ne prenez pas ça pour une fausse excuse).

    Rapidement, je commente juste un point qui m’a beaucoup choqué > “Que la majorité de vos auteurs se situent en dehors de l’UE, on le supposait bien ! Je ne vais pas épiloguer sur le couple pays de résidence/tarif acceptable, les articles et études ne manquent pas.”

    Personne n’hésite ici à être plutôt très dur dans ces propos contre TextMaster et je l’accepte mais personnellement, je trouve cette mention d’une violence forte, à la limite du racisme. Trouvez-vous surprenant que nos auteurs Chinois habitent en Chine, que les lusophones se trouvent au Brésil, que les francophones se trouvent au Canada ? Connaissez-vous le concept de l’expatriation ?

    N’oubliez pas que vous évoluez dans un marché mondial et global et qu’avec Internet, les frontières n’ont plus le même sens. Et cela ne concerne pas que le modèle “offshore” qui consiste à confier des tâches souvent ingrates à des gens basés dans des pays où les salaires sont très bas.

    Cordialement,

    PS : j’ai été contacté par un client de TextMaster qui me dit avoir déposé un commentaire après avoir été choqué par tout ce qu’il a lu. Mais je ne le vois pas dans les échanges affichés ici. Persuadé que celui-ci est coincé pour une raison X ou Y par le moteur de modération automatique, je trouverais ça honnête d’aller le libérer.

     
     
     
  • Tout d’abord, je peux vous assurer que j’ai publié tous les commentaires reçus; l’intérêt d’un débat est justement d’avoir les points de vue de tous. Si par hasard ce message a été considéré comme un spam par Akismet (qui en choppe des douzaines par jour), je vous prie de lui demander de le renvoyer; je passerai la liste des spams à la loupe pour le libérer.

    Ensuite, vous trouvez mon commentaire que je ne suis pas étonnée que plus de la moitié de vos rédacteurs résident hors UE violent.

    Violent envers qui ? Ceux qui, simplement parce que le coût de la vie est moindre dans leur pays, peuvent se satisfaire des gains que vous leur proposez ? C’est un sujet qui est souvent chaudement discuté sur les forums de traducteurs qui vivent et travaillent dans tous les pays. Bien au contraire, aucune violence envers mes collègues professionnels dans les pays lointains, mais un respect de leur travail, de leur talent.

    Vous me demandez si je connais le “concept de l’expatriation”. Plutôt, oui. Je suis une “serial expatriée” et travaille dans les domaines de l’expatriation et l’interculturel.
    Mais je ne vois pas le rapport, puisque vous évoquez les auteurs qui vivent dans les pays où se parle la langue dans laquelle ils écrivent; ils ne seraient donc pas des expatriés, ou bien ?

    Vous dites : “N’oubliez pas que vous évoluez dans un marché mondial et global et qu’avec Internet, les frontières n’ont plus le même sens. Et cela ne concerne pas que le modèle “offshore” qui consiste à confier des tâches souvent ingrates à des gens basés dans des pays où les salaires sont très bas.”

    Violence, vous dites ?

    Non, je n’oublie pas. Et je n’oublie pas les scandales qui vont avec (devrais-je citer des exemples ?). Ni les questions de responsabilités sociales et sociétales des entreprises.

    En soulevant ces arguments, le débat prend un tout autre tournant, bien plus politique. Recentrons-le, s’il vous plaît, sur le coeur du sujet, qui est la qualité, la création de valeur, ce que cela requiert (expertise, temps), ce que cela rapporte (ROI) et ce que cela mérite.

     
     
     
  • Charles Martin

    Je réponds à M. Malézé

    « Mesdames, messieurs les auteurs professionnels, il est évident que
    vous n’avez pas compris le besoins de la majorité de vos clients
    potentiels à notre époque.»

    De la mauvaise qualité pour vraiment pas cher ?

    « Nous passons aujourd’hui par TM et sommes ravis du service et de la
    relation que nous avons avec les auteurs, aussi anonymes soient ces
    échanges»

    Mais oui, une relation anonyme, c’est tellement passionnant, et si peu
    risqué.

    « Dites-vous simplement que c’est le monde moderne qui arrive dans votre
    industrie. Cela peut être difficile mais il faut vous adapter ou vous
    aller vers des jours rudes.»

    Mince alors ! Mais quand j’y pense, cela fait déjà un certain temps que
    j’ai jeté ma veille machine à écrire à la poubelle. Et puis les sites
    internet qui bradent les compétences des professionnels (mais plus
    souvent l’incompétence des amateurs) existent depuis un certain temps
    déjà. TextMaster d’ailleurs n’a rien inventé à ce niveau-là.

    « Les avancées technologiques vraiment inquiétantes se situent plutôt du
    côté du “content spinning” que des plateformes à la textmaster qui, à
    défaut de respecter des conventions collectives archaïques, met
    réellement à profit des compétences humaines.»

    Ah, ça doit être des concurrents à TextMaster.

    « A bon entendeur salut.»

    Merci du conseil

    (message mis à jour à la demande de son auteur suite à un bug informatique)

     
     
     
  • @Monsieur Laurent

    [“Trouvez-vous surprenant que nos auteurs… francophones se trouvent au Canada ?”]

    Non ! Et c’est même plutôt capital pour proposer ne serait-ce que des contenus adaptés à un lectorat canadien francophone. À cette fin, le recours à un auteur belge francophone ou à un auteur suisse francophone ne serait pas d’une pertinence redoutable.
    Ne nous dites pas que vos auteurs lusophones établis au Brésil rédigent des contenus destinés à des lecteurs portugais ?

    TextMaster sensibilise-t-il ses Clients sur ce sujet comme prendrait le temps de le faire un rédacteur ou un traducteur professionnel ? Votre site web est relativement sibyllin sur ce point et donne l’impression de mettre sous une seule et même bannière espagnole des rédacteurs en castillan-péruvien ou en espagnol-mexicain.

     
     
     
  • Sophie Dzhygir

    Alors là, à la fin, j’avoue qu’on y perd son latin, même en voulant bien gober de toute bonne foi les arguments de M. Laurent.
    Comme le dit Caroline, un rédacteur canadien pour le marché canadien, c’est plus que pertinent, itou pour un rédacteur brésilien pour le marché brésilien, etc. Le corollaire est donc qu’il faut des rédacteurs français pour le marché français, britanniques pour le marché britannique, portugais pour le marché portugais et même… allemands pour le marché allemand, qui a le bonheur/malheur (rayez la mention inutile) de ne pas avoir “d’empire” linguistique outre-mer.
    M. Laurent, si l’essentiel de vos fournisseurs est hors UE et que, comme vous l’affirmez, vous jouez la qualité, c’est donc que l’essentiel de vos clients est lui aussi hors UE ?
    Voilà qui est intéressant tout de même. C’est la première fois que j’entends parler d’une entreprise qui s’installe dans l’UE pour acheter ET vendre essentiellement hors UE. Ca n’a aucun intérêt, ni financièrement, ni organisationnellement parlant ?

     
     
     
  • J’ai lu les débats et je ne me m’inquiète pas. Vous savez pourquoi? Parce que finalement, les clients de TM (et autres sociétés du même acabit) sont contents tant qu’ils n’ont pas compris de quoi ils avaient besoin. Mais le jour ils feront traduire leur brochure, un discours ou une publication professionnelle par TM et qu’un de leur partenaires commerciaux leur fera remarquer que le document ne leur rend pas service, ils comprendront le sens des mots qualités et professionnalisme. L’argentique est toujours populaire auprès de ceux qui veulent donner du cachet à leurs photos. Ce que je vends à mes clients, c’est ce cachet.

    Céline
    Appareil photo argentique

     
     
     
    • Bonjour Céline-argentique,

      Tu fais bien de ne pas t’inquiéter. Aucun de nous n’est menacé par “l’arrivée de ce monde moderne”, ce n’est pas celui où nous évoluons ni celui où se situent nos clients. D’ailleurs, preuve à l’appui, je vais passer lundi après-midi à prendre un brief (non facturé, bien sûr) pour la refonte complète d’un site Web institutionnel : le prospect assemble une équipe de spécialistes et recherche des prestations de conseil éditorial, de conception-rédaction Web et de conseil en communication interculturelle et j’ai été recommandée par un de mes clients (croisez tout, SVP !). TM ne serait jamais mis en concurrence pour ce type de projet.

      La menace que j’évoque est équivalente à celle de la malbouffe : les petits plats maison, les restaurants gastronomiques et les recommandations concernant une alimentation saine et nutritive existeront toujours. Mais en parallèle se développent mauvaises habitudes et leurs conséquences (fast food, régimes carencés, surpoids, diabète…) que l’on retrouve avec des jeunes qui, malgré bac en poche, ne savent plus écrire et sur un World Wide Web où la course à la production de contenu pour apporter du trafic fait rage. N’est-ce pas intéressant, justement, qu’avec Panda, Google s’efforce de créer des algorithmes capables de faire le tri pour récompenser le contenu de qualité ? Certes, ce n’est pas encore au point, mais la tendance lourde est de lutter contre cette déferlante de nivèlement par le bas. Ne serait-ce pas délicieux que ce “monde moderne” et ses avancées technologiques réussissent là où nos efforts pour déclencher une prise de conscience ne sont que rarement entendus ?

       
  • Bonjour à tous, et merci Patricia pour ce billet qui suscite des réactions vraiment captivantes.

    Je trouve particulièrement intéressant qu’un client de TextMaster soit venu témoigner de sa satisfaction.

    Monsieur Malézé, je ne suis pas sûre que des contenus rédigés à la va-vite et/ou agrégés à partir de documents existants représentent le besoin de la majorité de nos clients potentiels.
    Cependant, votre intervention montre indéniablement que l’offre de TextMaster répond à un besoin réel d’un certain nombre de clients.
    Je suis d’accord avec Patricia : l’image la plus adaptée est plutôt celle de la différence entre fast-food et restaurant gastronomique qu’entre photographie argentique et numérique.
    J’imagine qu’un client qui a besoin de faire traduire la notice d’un appareil ménager acheté à l’étranger ne fera pas appel au même prestataire que lorsqu’il fait traduire le site web ou la brochure de présentation de sa société.

    Sans connaître tous les auteurs et traducteurs professionnels qui ont commenté cet article, je pense que nous nous positionnons tous sur la qualité et non sur le prix et le délai de nos prestations. Nous offrons à nos clients du “sur mesure”, et ne faisons pas le même métier que des entreprises telles que TextMaster, même si nos marchés se chevauchent parfois.

    Le seul danger que je voie est celui auquel sont exposés les clients qui n’ont pas idée de ces différences. Et cela me conforte dans l’idée que nous avons un rôle d’information à jouer auprès des acheteurs de rédactionnel et de traduction.
    Des articles comme celui-ci y contribuent sans aucun doute.

     
     
     
  • FraiseRedac

    Bonjour,
    Merci pour ce débat qui est significatif des derniers développement du web! En tout cas je suis d´accord avec l´idée qu´il y a une grosse différence entre le contenu textmaster et de la rédaction perso. Mais cette différence s´explique notamment par une distance dans la représentation du contenu et de ce à quoi il doit servir.
    Sinon je fonctionne +/- régulièrement avec un prestataire du même type que TM, mais plus tourné vers la qualité et franchement je suis assez étonnée de la qualité des textes produits!

     
     
     
    • Bonjour et bienvenue FraiseRedac,

      Par votre sigle, j’ai l’impression que vous êtes rédactrice, mais votre deuxième paragraphe donne l’impression que vous êtes donneur d’ordre ! Et pour ces textes dont la qualité vous surprend, quelle est la rémunération horaire de l’auteur ? Quelle part du texte provient “d’emprunts” à d’autres déjà écrits ? Si vous souhaitez nous en dire plus sur cette autre entreprise et ses modalités de fonctionnement, n’hésitez pas ! Cela fait avancer le débat !

       
  • @FraiseRedac: ce serait cool d’avoir l’identité de ce prestataire. Comme on n’est pas à la télé française, le CSA ne risque pas d’intervenir ici.

    Pour réagir à tout cela, comme Céline, je trouve qu’il ne faut pas baliser. J’ai écrit sur forum-traduction.fr un jour “je suis sûr que la sélection naturelle est aussi à l’œuvre chez les traducteurs”. Ça s’étend bien sûr aussi aux rédacteurs, dont je découvre les plumes aiguisées sur ce blog. Et bien sûr, ça s’étend à ces plates-formes.

    Concernant les correcteurs, j’ai écrit ceci, il y a à peine quelques jours, à une amie traductrice dans un e-mail:
    [Du point de vue du découragement et de la différence théorie+discours vs réalité, j’avoue que je commence par être non pas découragé mais angoissé. Non pas à cause des projets que j’ai déjà faits, plutôt correctement (voire bien) payés, mais à cause de l’ambiance générale à n’être préoccupé que par le prix. Ce matin, j’ai réagi sur le forum des traducteurs à un lien (http://www.liberation.fr/culture/0101612104-correcteurs-a-rude-epreuve ) vers un article. L’article, écrit il y a deux ans, porte sur les correcteurs et relecteurs-correcteurs dans les maisons d’édition et la presse, des métiers qui sont en train d’être supprimés car ils représentent (quand même!) 0,47% du prix moyen d’un livre neuf…]

    Et deux semaines avant, je lui avais écrit:
    [À propos des annuaires, j’avoue qu’entre ma prospection et le logiciel de musique auquel je travaille, certaines évidences (comme les annuaires gratuits) m’échappent. Mais je me demande si je n’ai pas développé à mon tour un certain préjugé envers les plates-formes de mise en relation qui déteint sur les annuaires: je crois qu’il s’agit d’une forme de mise en concurrence, donc de course au prix le plus bas. Translator’s Café, ProZ, RemixJobs, CREADS, brandsupply et consorts…
    ]

    Quant à Benoît qui crie au racisme… vous nous faites rigoler, nous les blacks – et autres minorités –, en France comme en Afrique et aux USA, à crier au loup pour un rien. Faites-moi pas rigoler avec “racisme” de ci de là. On en a plein les oreilles (à peine moins que “antisémitisme”), sans compter que nous sommes les mieux placés pour juger du fait.

    Et je soutiens à 100% ce qu’a écrit Patricia. Proposer vos services en France en arguant d’une mondialisation inévitable reste une façon de détourner l’attention des vrais sujets. Quoi de plus facile que de crier haro sur le baudet alors qu’on tient un panier d’arguments percé ? Je vivrais au Bénin au lieu de vivre en France, vos “services de qualité” m’auraient sans aucun doute intéressé. Sauf que, même là-bas, des rédacteurs du niveau de ceux qui traînent par ici, je mets ma main à couper qu’il n’y en a pas. Ah oui, moi. Mais quelle ironie, je vis en France.

    Quant au client satisfait, hahaHA! Comme le client d’une agence de trad qui nous mettait en concurrence avec des Indiens d’Inde pour traduire de l’anglais au français, il s’en mordra les doigts à les faire tomber. Oui, je sais, c’est vilain de souhaiter du mal aux autres. J’irai juste en enfer…

    Bref, moi, ce qui me surprend le plus, ce n’est même pas que ce type d’initiatives voient le jour (car, soyons sérieux, des intermédiaires pour se faire du fric sur le dos de ceux qui font effectivement le boulot, tout en n’en br…ant pas une, il y en aura toujours), c’est qu’il y ait des petites mains qui y participent. Ça, Google Translator Toolkit, Proz, etc., on donnerait un flingue chargé et armé aux traducteurs qu’ils se tireraient moins une balle dans le pied.

    Commentaire orienté traduction parce que je traduis, vous l’aurez compris.

     
     
     
  • Intéressant sujet ! qui ne concerne, loin s’en faut, pas que la rédaction de textes…

    Petit schéma ici : http://brossegherta.wordpress.com/2012/04/30/de-la-democratisation/

    Cordialement.

     
     
     
  • Laurence

    Bonjour à tous!
    Je viens de lire l’article et les débats qui ont suivi, je suis rédactrice pour Textmaster, j’ai été longtemps rédactrice, à mon compte je le précise, et j’ai fait de la pige pour certains journaux. J’ai dû arrêter une partie de ces activités pour des raisons personnelles

    Sur la qualité, je dirai que je fais les mêmes recherches et j’apporte le même soin à ma rédaction qu’elle soit payée 2 euros les 300 mots ou 24 euros les 250 mots, même si parfois je sais que je travaille strictement pour rien, compte tenu du temps passé, mais c’est une question de respect personnel. Cependant c’est évident qu’avant je consacrai plus de temps à des articles qui étaient réglés 50 ou 100 euros

    Effectivement, les tarifs sont bien en deçà de ce qu’ils devraient l’être, cependant TM a fait un effort en doublant (dans certains cas) le montant reversé aux auteurs. Le revers de la médaille c’est que les personnes ayant travaillé sans relâche depuis le début acceptant d’être sous-payées pour évoluer voient débarquer maintenant des tonnes de rédacteurs qui n’étaient jusque-là pas intéresses, et il devient très difficile de décrocher des missions. Je pense qu’il y avait un petit quelque chose pour privilégier les personnes qui ont joué le jeu depuis le début.

    Quant au tarif encore compte tenu de la commission que prend PayPal, ce qui est inexistant sur les autres plateformes, pour avoir la somme gagnée dans son intégralité, il faut effectivement faire une dizaine d’articles de plus, c’est le cas quand on atteint des paliers importants dépassant les 500 euros. Je pense que c’est un point facile à améliorer puisque les autres plateformes le font.

    Voilà, c’était juste quelques petites remarques en passant.

     
     
     
    • Merci de vos commentaires, Laurence, et de l’éclairage qu’ils apportent. A mes yeux, ils semblent plutôt confirmer la plupart des observations pointées dans ce débat, mais je laisse à d’autres le soin de réagir. Et sans indiscrétion, votre travail avec TM vous permet-il de vivre ou est-ce seulement un revenu d’appoint ? Vous n’êtes pas obligée de répondre évidemment !

       
  • Laurence

    De rien pour le commentaire. Me permettre de vivre pas réellement, cependant ayant repris des études et n’ayant que peu de revenu c’est un complément parfoi minime et parfois plus important, en fait ça dépend des sujets proposés et surtout du nombre et à combien ils sont proposés. Ce n’est en tout cas jamais du sûr si ce mois-ci est un bon mois, qu’en sera t-il du prochain surtout qu’avec l’augmentation du tarif ceux qui ont boudé la plateforme reviennent en courant.

     
     
     
    • Merci d’avoir répondu, Laurence, et merci pour votre franchise. Les lecteurs auront compris ce qui est évident.
      Bravo d’avoir repris vos études et tous mes voeux de réussite !

       
  • Fabien

    Bonjour. Le patron de textmaster s’affiche sur un blog et un début de conversation avec lui me semble tout indiqué pour que les pros viennent afficher leur point de vue. Si vous voulez apporter votre eau au moulin pour mettre en lumière les basses manœuvres de ces esclavagistes modernes, c’est dans cette direction : http://www.nicolasauge.com/interview-ceo-textmaster-marketplace/

     
     
     
  • Wendy

    J’adore Textmaster, ça m’a changé la vie du point de vue financier. Je gagne entre 1500 and 2500 euros par mois.

     
     
     
    • Wendy,
      Votre commentaire m’ayant donné l’impression d’être un message promotionnel, j’ai fait quelques recherches avant de le publier et d’y répondre.
      – Le 30 novembre 2012 sur http://www.survivefrance.com vous publiez un message faisant la promotion de Textmaster et invitant vos lecteurs de s’inscrire en cliquant sur le lien que vous fournissiez afin de récupérer votre commission. Vous annonciez également (en anglais, ma traduction) que dans un premier temps, travailler avec Texmaster rapportait des clopinettes (en fait, “the money is pretty rubbish” se traduirait plutôt pas la rémunération est plutôt merdique). Mais, carotte, “the more you do, the more you earn” – le plus tu bosses, le plus tu gagnes – ce qui me paraît dans l’ordre naturel des choses.
      – Votre profil LinkedIn vous présente comme Language Manager chez Textmaster
      – M’interrogeant si cela était sous statut TNS ou salarié, et pour mieux comprendre l’importante fourchette de revenus mensuels que vous nous annoncez, je consulte quelques liens de plus qu’avait fourni Google. Zoominfo vous liste comme propriétaire de Facilitutors (dont le site internet est indisponible). En revanche, impossible de vous trouver, ou le nom de cette entreprise, sous Société.com (où l’on peut trouver tous les freelances exerçant légalement, même en auto-entrepreneur, et naturellement toute société immatriculée en France et ses dirigeants).

      Je reste donc sur mon impression première et laisse aux lecteurs de ce blog tout loisir de tirer leurs propres conclusions.

      P.S. quelques heures plus tard – je jetais un oeil aux statistiques du blog et découvre ce lien entrant:http://www.survivefrance.com/group/writers-bloggers-and-translators/forum/topics/translators-needed?commentId=3339392%3AComment%3A637900&xg_source=msg_com_gr_forum – votre fil en anglais recrutant pour Textmaster. En fait, il renforce les points principaux de ce billet d’il y a deux ans, car vous soulignez bien qu’il **n’est pas nécessaire d’être un professionnel” et que “c’est une bonne source de revenus complémentaires.”

       
  • De Crignis

    Bonjour,

    Je souhaite réagir (en marge du débat principal) à la remarque de l’une des intervenantes. Je cite :

    [Sur la qualité, je dirai que je fais les mêmes recherches et j’apporte le même soin à ma rédaction qu’elle soit payée 2 euros les 300 mots ou 24 euros les 250 mots, même si parfois je sais que je travaille strictement pour rien, compte tenu du temps passé, mais c’est une question de respect personnel.]

    Ce mode de fonctionnement est totalement incompatible avec l’exercice en tant qu’indépendant. C’est tout d’abord une question de survie économique de l’entreprise. 24 euros les 250 mots se situent aux alentours, voire en deçà du minimium absolu permettant à un traducteur installé en France de vivoter et d’assurer tant bien que mal la pérennité de son entreprise inviduelle.
    Cette attitude révèle ensuite une ignorance de la valeur de son propre travail. Proposez 10 centimes à votre boulanger et voyez s’il est prêt à lâcher une baguette.
    Or valeur et prix sont intimement liés. Travailler bien pour des ronds de carottes est pernicieux : ça casse le marché.
    Je suis sensible à l’argument selon lequel un travail moins soigné et donc moins cher peut parfaitement convenir au besoin du client à un moment t.
    Il n’empêche que le travail dit “de qualité” (je me rends compte que sous cet attribut se cachent malheureusement des réalités très diverses), doit être facturé à un tarif permettant au traducteur indépendant de vivre correctement, c’est-à-dire de dégager un CA largement supérieur au seuil maxi. des auto-entreprises, ce qui à 24 euros les 250 mots, n’est pas chose aisée.

    J’ajouterai juste que ne me sens pas personnellement menacée par Textmaster, mais que la “familiarité du médiocre” me gêne.

    Catherine