Traducteurs | Développer une nouvelle spécialisation : 6 étapes pour réussir
A la demande de Sara de la Marmite et d’autres lecteurs,
ceci est la traduction d’un billet publié en anglais en juin 2010.
Une de nos fidèles lectrices, Catherine Jan, nous a écrit avec une requête précise :
“Pouvez-vous nous offrir des conseils pour acquérir une nouvelle spécialisation? J’aimerais approfondir [le sujet du photovoltaïque] et trouver des projets dans ce domaine. Mais je n’ai pas d’expérience préalable à faire valoir.”
Bonne question, Catherine, merci de l’avoir posée !
Vous êtes invités à contribuer vos propres conseils et à suggérer d’autres sujets dont vous aimeriez que l’on parle ici !
1. Choisissez le nouveau domaine avec soin
Engagement
L’acquisition d’un nouveau sujet d’expertise est un engagement sérieux. Vous investirez du temps et de l’énergie pour un retour futur. Où allez-vous trouver ce temps ? En grignotant sur vos horaires de travail ou sur le temps que vous passez avec vos proches (leur soutien est indispensable) ?
Cette nouvelle expertise doit être durable.
- Le sujet doit être captivant : Me « parle-t-il » ? Ai-je une affinité particulière pour ce domaine ? Va-t-il me satisfaire intellectuellement pour maintes années à venir ? Si je dois d’un coup adapter 100 pages, cela va-t-il stimuler mon cerveau ou m’assommer ?
- La demande pour cette spécialité est-elle pérenne ou relève-t-elle d’une mode qui fera « pschitt » dans deux ans ?
- Ce domaine de spécialisation est-il suffisamment étroit pour que j’apporte une réelle valeur ajoutée (et facture en conséquence), mais pas restreint au point de limiter mes chances de faire valoir cette expertise ?
- Quelles spécialisations existantes puis-je utiliser comme levier pour décrocher des projets dans ce nouveau domaine ?
2. Planifiez
Feuille de route
Faites un business plan pour ce nouveau créneau, comme si vous lanciez une nouvelle entreprise.
Dans quoi devez-vous investir ? Quel est le budget que cela représente ? Comment allez-vous le financer et sur quelle durée ? L’élément principal est votre temps, et il n’est pas gratuit. Dressez une liste initiale de prospects. Si possible, tenez langue avec certains d’eux afin d’obtenir des renseignements essentiels pour réussir votre propre analyse SWOT. Evaluez le retour sur investissement que vous pouvez raisonnablement attendre à échéance d’un ou deux ans.
Les signaux sont-ils au vert ou encore à l’orange ?
3. Collectez les éléments de base
Curiosité
Allez à la chasse au trésor! Qu’est-ce qui peut vous aider à cerner le domaine choisi et à guider votre acquisition de nouvelles connaissances ?
Associations et publications professionnelles, glossaires et dictionnaires spécialisés, congrès et séminaires à venir, spécialistes reconnus, collègues traducteurs, entreprises et rapports annuels. Quels sont les aspects de cette spécialisation qui vous intéresse le plus ?
De quelles connaissances connexes auriez-vous besoin ? Dans l’exemple de Catherine – le photovoltaïque pour usage domestique – une familiarité avec l’architecture, la charpente, et la connaissance des divers programmes de soutien aux énergies durables pourraient être utiles.
LISEZ et QUESTIONNEZ, tout le temps !
4.Prenez la température
Construisez des relations
Prendre la température sur le terrain est amusant et important. Participez à des foires commerciales et des démonstrations, jouez au client mystère et ainsi de suite. Ce sont d’excellents moyens de découvrir la culture et le contexte socio-économique du domaine dans lequel vous souhaitez vous spécialiser. Qui sont les acteurs? De quels savoir-faire et savoir-être avaient-ils besoin pour réussir? Qu’est-ce qui, professionnellement, les empêche de dormir?
Développer une nouvelle spécialisation signifie aussi créer une nouvelle base de donnée client – particuliers et entreprises avec lesquels vous allez tisser des relations. Pour ce faire, il est important de parler leur langage, de comprendre leur environnement et de se montrer curieux et empathique pour réussir à communiquer avec eux, sur le plan personnel et professionnel.
5. Recherchez des opportunités de formation
Tendez la main
Selon la spécialisation visée, les choix de formation peuvent être pléthoriques ou…désertiques. Dans ce cas, il faut juste faire preuve de créativité.
Quelques suggestions :
- Allez là où les choses se passent : faites une visite guidée d’une usine, d’un laboratoire de recherche et ainsi de suite.
- Trouvez des collègues spécialisés et demandez leur conseil, des infos sur des ressources que vous n’avez pas encore dénichées, voire même de jouer le rôle de mentor pendant votre apprentissage.
- Recherchez les opportunités d’échanges de compétences : vous aurez déjà dressé une liste de prospects et de contacts. Certains peuvent être disposés à échanger, par exemple, votre aide à enrichir leurs compétences linguistiques contre une aide à comprendre certains aspects difficiles de votre nouvelle spécialisation, à valider un glossaire fait maison ou une invitation à observer quelques jours les activités de l’entreprise.
6. Décrochez les premiers projets
Générosité et diligence
Vous l’aurez remarqué (oui?), la progression est limpide. Vous avez commencé à nouer des relations dans le domaine choisi. Au fil de l’eau, vous avez démontré votre engagement, votre passion, vous avez fait preuve de débrouillardise, d’ouverture et de créativité, et vous avez montré ce dont vous êtes capable. Ces individus vous ont été d’une aide précieuse. Et ils devraient être vos premières cibles – mais avec modestie ! Pourquoi?
– Ils vous connaissent.
– Ils ont déjà investi en vous. La plupart seraient disposés à continuer à le faire, et d’avoir ainsi un retour sur leur investissement.
– Ils savent que vous n’êtes pas encore un expert chevronné. Ils s’attendent à ce que vous posiez des questions et ayez des doutes. Et, connaissant votre processus d’apprentissage, ils auront plus tendance à vous répondre que des clients qui n’ont pas partagé ce bout de chemin avec vous.
A vos plumes ! Partagez vos success stories !
Tags: networking, réseautage, spécialisation, traducteur, traduction
Sujet aussi intéressant en français qu’en anglais ! 🙂
Pour moi, le truc difficile réside d’abord dans l’évaluation du créneau, « suffisamment étroit pour que j’apporte une réelle valeur ajoutée (et facture en conséquence), mais pas restreint au point de limiter mes chances de faire valoir cette expertise ». Pas évident d’identifier la taille de la niche visée, mais voilà plein de pistes à explorer !
Comme tu le dis bien, l’élément temps est primordial : personnellement, il y a quelques années j’ai surestimé le temps dont je disposais pour une formation au long cours – une petite accalmie d’activité qui s’est avérée très temporaire et mon emploi du temps s’est retrouvé plein à craquer – du coup ça a capoté.
Maintenant je sais que si je veux trouver une formation, je privilégierai un système assez court pour ne pas avoir à y consacrer trop d’heures sur une trop longue durée, quitte à « entasser » des modules progressivement pour bâtir l’édifice.
Yapluka, comme on dit… Merci encore pour ta synthèse qui sera certainement très utile à plus d’un !
Marie-Céline
Tu as raison, ce n’est pas toujours facile d’évaluer le créneau avec précision — surtout quand on ne connait pas encore le sujet à fond. C’est là où profiter d’un brainstorming (= tempête céphalique 🙂 ) avec des pros du secteur est une mine d’or.
Pour prendre un exemple (qui ne m’intéresse pas du tout !), la mécanique automobile. Veut-on se spécialiser ‘généralement’ (tous types de moteurs) ? Dans le diesel ? Dans les nouveaux hybrides ? Dans les moteurs électriques ? Uniquement ceux des voitures de course ? Chaque type a son monde, sa culture, ses clients potentiels, sa clientèle connexe et ainsi de suite, et il faut apprécier quel monde nous correspond le mieux.
Tu nous tiens au courant ?
[…] – et enfin Patricia chez Intercultural Zone. […]
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[…] Traducteurs, si vous souhaitez développer une nouvelle spécialisation mais ne savez pas par où commencer, voici comment mettre le pied à l'étrier. […]