Orthographe rectifiée : une pratique encore bien sélective

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La rectification orthographique de 1990, dixit le site officiel Orthographe Recommandée, a pour but

d’unifier la graphie de certains mots, de supprimer certaines incohérences, de clarifier des situations confuses…

Ce site propose un mini-guide de dix nouvelles règles sensées vous simplifier l’orthographe. Ces rectifications sont suggérées, elles ne sont pas imposées.

« Chouette ! » me dis-je, car j’admets parfois m’embrouiller les pinceaux. Je suis de la vieille école (enfin, « vieille », tout est relatif) et entre la nouvelle orthographe et les majuscules sur les capitales, j’en perds mon latin.

Je me plonge dans une lecture attentive, un tant soit peu perturbante. Certaines rectifications sont manifestement passées dans les normes.

D’autres, je me demande si je parviendrais à m’y faire.

Ainsi, avec la règle n° 4,

l’accent circonflexe disparait sur i et u. On le maintient néanmoins dans les terminaisons verbales du passé simple, du subjonctif et dans cinq cas d’ambigüité.

Il ne faut plus écrire « coût », mais « cout », ou « paraître », mais « paraitre » (auquel le correcteur orthographique de MS Word vient de me rajouter l’accent circonflexe).

Un petit tour sur le dictionnaire de l’Académie française s’impose : l’accent circonflexe est maintenu.

Une des règles d’or des professionnels de l’écrit est la cohérence : nous devrions opter pour l’orthographe traditionnelle ou l’orthographe rectifiée et éviter de mélanger les deux.

Cet idéal est difficile à atteindre. Une étude intitulée Les rectifications orthographiques de 1990 : Analyses des pratiques réelles (Belgique, France, Québec, Suisse, 2002-2004), éditée en 2006 par Liselotte Biedermann-Pasques et Fabrice Jejcic aux Presses Universitaires d’Orléans, décortique le sujet au cours de 160 pages.

D’après Liselotte Biedermann-Pasques, le taux d’adoption des réctifications se décomposent ainsi (tableau p.35) :

  • régularisation du pluriel de mots composés : 49,83% de rectifications
  • accentuation : 40,26%
  • la francisation de mots d’emprunt : 18,93%
  • la suppression de l’accent circonflexe sur i et u : 3,30%
  • la régularisation d’anomalies, oignon/ognon : 0%

Pour Jean-Pascal Simon, qui a mené une enquête auprès de lycéens, d’étudiants et de (futurs) enseignants dix ans après la réforme, « trois zones sont l’objet de positionnements forts en faveur des anciennes graphies » (p.99):

  • remplacement du trait d’union dans les noms par la soudure.
  • le participe passé de “ laisser ” suivi d’un infinitif.
  • ajout du tréma pour signaler une lettre qui se prononce.

Et à l’autre extrème, dans quatre secteurs les rectifications sont totalement acceptées :

  • restitution de lettres muettes dérivatives.
  • déplacement du tréma sur la voyelle prononcée.
  • alignement sur la prononciation par suppression de géminée.
  • substitution d’un accent grave à un accent aigu afin de régulariser la correspondance avec la prononciation.
  • régularisation du singulier et du pluriel des noms composés de type “ verbe +nom ” ou “ préposition + nom ”.

Est-ce rassurant de se reconnaître dans ces statistiques ?

Et vous ? Quelles sont vos préférences et habitudes ?

 

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